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jeudi 4 octobre 2018

COMMENT ROMAIN LOPEZ A COULE LE FRONT NATIONAL 82


Le FN82, aujourd'hui RN82, pouvait en 2017 s'emparer de la seconde circonscription de Tarn-et-Garonne, les progressions de très forte ampleur lors d'élections précédentes en témoignent. Ses adversaires politiques tremblaient...

Malheureusement (pour le FN bien sur), cette même année 2017 a vu l'avènement de l'ex-assistant parlementaire de Marion Maréchal, un titre (le seul qu'il possède) que Romain Lopez a utilisé à outrance (et en haut lieu) pour écarter de sa route tous ses camarades de parti, souvent plus gradés ou plus élus que lui, qui nourrissaient de légitimes ambitions internes ou électorales.

Un grand classique de la vie des partis ? Certes. Mais Lopez aurait pu se contenter de cette place de petit chef facilement acquise pour s'installer solidement à la co-direction du RN départemental. C'était compter sans ses prétentions doctrinales : ainsi, en pleine dédiabolisation du Front, et assuré de son impunité, il a remis au goût du jour de vieilles rengaines du Front, celles-là même que Marine s'escrimait (publiquement) à enfouir : saillies anti-juives, adulation d'Alain Soral, promotion de rappeurs antisémites, prises de position pour la République islamique d'Iran contre Israël, etc.




Éreinté par divers organes du Net, et même par certains membres éminents du Front, Lopez est sauvé par Marion : ses sorties tonitruantes ne lui valent que quelques affectueuses remontrances...

Le chemin semble dégagé jusqu'aux législatives, quand surgit un obstacle : Valérie Rabassa, transfuge de LR, est adoubée officiellement au FN par Louis Aliot, qui voit dans ce ralliement une bonne occasion de verser un peu de sable dans les rouages de Marion MLP, sans s'engager dans une querelle frontale. Lopez (assisté de son ange gardien) est alors contraint de sortir l'artillerie contre l'ancien maire de Montech, qui a postulé à la candidature législative auprès de Marine Le Pen, et dont il dira sur Twitter : "Le FN veut être représenté par ça ? ". L'affaire est dans le sac.



Romain Lopez, enfin candidat, peut pérorer sur les estrades et devant les caméras, traitant Sylvia Pinel de "potiche du baron" et Jean-Michel Baylet de "petite frappe". Mais c'est à quelques encablures du scrutin que ses fulgurances judéophobes le rattrapent. Mentionné à ce titre dans des dossiers de "Libération" et "Médiapart", il est foudroyé par le site de l'Union des Patriotes Juifs Français présidé par un ancien conseiller de Marine Le Pen : "Ce soralien assumé déverse depuis des années sa haine des Juifs sur les réseaux" ! Accablé par la Dépêche du Midi, qui consacre une pleine page à ses "exploits", il est également fustigé par la presse israélienne. Pour compléter le tableau, l'activiste antisémite Alain Soral, multi-condamné, vole au secours de son disciple et lui accorde son soutien public et officiel sur Facebook et Twitter. De fait, DLF 82 lui refuse le sien. 





C'est ainsi harnaché que Romain Lopez se présente aux élections législatives de 2017, qu'il perdra largement pour la raison suivante : 3200 électeurs frontistes de 2012 lui ont refusé leur bulletin. 

A la suite de cet échec victorieux, il est logiquement promu patron de la seconde circonscription du RN par son ami Thierry Viallon. Ces deux entendent mettre le RN82 en coupe réglée. Des voix d'élus ou de candidats locaux, habituellement discrets (et placardisés par le duo...) commencent à se faire entendre : "Nous n'accepterons pas plus les idées d'Alain Soral et de ceux qu'il soutient ou qui le soutiennent" écrit l'avocat Patrice Charles, élu de Moissac, en novembre 2017. Cette déclaration sonne la révolte de la majorité muette.

L'hémorragie commence : Sandrine Perez, suppléante de Thierry Viallon, quitte le navire FN, accompagnée de Franck Buhler, responsable de la com. Tous deux rejoignent DLF 82.

Les deux comparses de la direction, salariés du RN, ont tout à perdre d'une levée de boucliers générale contre leurs discours et méthodes : ils durcissent encore la rétorsion et multiplient les vexations, notamment à l'encontre de leurs propres élus. 

Suffoquant sous le diktat de Romain Lopez (élu nulle part, employé du groupe RN à la Région) et de Thierry Viallon, Marie-Dominique Bagur et Patrice Charles finissent par livrer leur sentiment à la presse, à l'occasion d'une nouvelle frasque de Lopez, lequel a injurié (une seconde nature) un parent d'élève handicapé du lycée de Moissac. Scandalisés, les deux militants prennent la défense de la victime, condamnant les "tweets nauséabonds" de l'exalté Lopez (Dépêche du Midi). 


Tract vs Lopez

Aujourd'hui, comme une délivrance, ils sont passés sous bannière DLF, rejoignant Sandrine Perez et Franck Buhler ; et il y en aura d'autres... 

(Voir articles Valeurs actuelles, France 3 MP, La Dépêche, L'Opinion, Le Figaro

En deux ans donc, Lopez, activement épaulé par Thierry Viallon, a donc réussi à vider le Rassemblement National 82 de ses élus (50% !), candidats et responsables (et de ses adhérents ajoutent certains...) et de perdre des électeurs par camions entiers, tout en repeignant la façade départementale en vert-de-gris, comme au bon vieux temps de Jean-Marie ! 

Gageons que le Front, un parti qui semble avoir pour objectif de perdre débats, honneur, élections et militants, en fera son futur fer de lance...