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jeudi 14 juin 2018

#FN82 : RASSEMBLEMENT NATIONAL MAIS BASTON DÉPARTEMENTALE (2)

Nous le disions dans la partie 1 de notre billet, une fronde d'envergure est en cours au FN82 (aujourd'hui Rassemblement national), menée par Patrice Charles, avocat et élu municipal de Moissac, et nous ne serions guère surpris d'apprendre, dans quelques jours ou semaines, l'annonce officielle du divorce.

Le FN82 vient en effet de se scinder en deux factions rivales. D'un côté, M. Charles, Mme Bagur (conseillère régionale), M. Buhler appuyés par Mme Perez. Ce bureau politique bis presque au complet s'était donné rendez-vous chez l'écrivain très engagé Renaud Camus (Le Grand Remplacement), à la Conférence de Plieux (Gers), y retrouvant Emmanuel Crenne, secrétaire départemental FN du Lot ainsi que la responsable départementale 82 de Debout la France




De l'autre côté, Romain Lopez et Thierry Viallon, cumulant les fonctions de responsables départementaux, chargés de communication, grands candidats, porte-paroles, chefs de la Jeunesse frontiste (sic) et permanents du FN. 

On se rend coup pour coup dans la grande famille du Front tarn-et-garonnais. Certains font plus mal que d'autres. Mme Perez -suppléante de Thierry Viallon- vient de passer chez Dupont-Aignant avec armes et bagages. Franck Buhler, ex-responsable de la communication du FN82, l'a rejointe, avec le grade de délégué de circonscription de Debout la France 82. Un désaveu d'envergure pachydermique pour les deux comparses de la direction départementale qui n'ont de cesse d'appeler à l'union des droites tandis qu'ils provoquent la fuite de leurs militants les plus zélés...

Ces frasques du RN82 (premier parti du département selon ses patrons), qui offre désormais l'image désastreuse d'une fédération où l'on s'insulte, où les apparatchiks relèguent les élus au fond à gauche du décor, où l'on coupe les photos en deux, et dont les responsables bafoués demandent asile aux partis voisins, font bien sur le régal de ses adversaires, qui n'en demandaient pas tant à l'approche des municipales... 

Mais elles pourraient également attirer l'attention des hautes sphères parisiennes du Rassemblement National. A suivre donc.

mardi 5 juin 2018

FN82 : RASSEMBLEMENT NATIONAL MAIS BASTON DEPARTEMENTALE (1)


Le FN82, aujourd'hui RN82, ne parvient plus à dissimuler les intenses divisions qui le minent et ne tarderont pas à le faire exploser. Ainsi le bureau politique départemental s'est-il vu amputer récemment de plusieurs de ses membres (et non des moindres), par éviction brutale ou départ volontaire vers d'autres cieux (ex : la suppléante 2017 de Thierry Viallon passée récemment chez DLF).

Le noeud du problème ? Romain Lopez, qui ne dispose d'aucun mandat (ni électif, ni au sein du Front) et d'une image publique détériorée, a été bombardé par son ami Thierry Viallon responsable de la seconde circonscription et chef de la communication, dans l'objectif d'interdire toute autre ambition et expression que... les leurs. 

Capture écran - Détail d'une photo publiée sur Facebook FN82


Ceux qui ont fait les frais de ce "bureau de douane" sont bien entendu les élus locaux du FN82. Si Marie-Claude Dulac, conseillère municipale de Moissac, semble s'être sagement rangée du côté du duo dominant, Patrice Charles, avocat élu municipal de Moissac, a pris la tête de la rébellion, suivi avec discrétion mais conviction par Marie-Dominique Bagur (MDB), conseillère régionale et municipale de Montauban.

Le bras de fer a débuté avec la candidature de Patrice Charles au conseil national du FN. Le moissagais n'a pas hésité à condamner, pendant la campagne interne, les disciples d'Alain Soral, ciblant directement Romain Lopez (voir notre billet). 

La sanction n'a pas tardé, discrète mais efficace : la mise au ban par le tandem directorial. Et les férus de gastronomie politique ne l'ignorent pas, les plans de table sont à cet égard de puissants révélateurs... Aussi lors de la venue de Bruno Gollnisch, député européen du Front, le 27 avril, Patrice Charles et MDB, élus, ont été déportés loin de la table d'honneur, où siégeaient Mme Dulac et bien sur Thierry Viallon, entouré de ses courtisans les plus empressés, bien qu'inconnus de l'électeur local FN. 




(Pour l'anecdote, notez que le service propagande communication du FN82 (soit Romain Lopez) revendiquait dans la presse 80 participants à ce diner-débat, ce qui est formellement attesté par ce cliché montrant une... trentaine de convives...)




Revenons à nos moutons, le 8 mai 2018 à Moissac. Les deux élus locaux immortalisent leur présence aux cérémonies, rien que de très banal. Une photo publiée par Patrice Charles sur son compte Twitter :


Marie-Claude Dulac et Patrice Charles, conseillers municipaux de Moissac

Sauf que la photo originale ressemblait plutôt à ça : 




La Dépêche du Midi avait d'ailleurs remarqué ce "découpage", rapporté dans ses "indiscrétions".  

Depuis, cette guerre des tables et des images est allée crescendo, jusqu'à toucher un point culminant le week-end dernier à Plieux (Gers) mais, désireux de ne pas lasser nos lecteurs, nous en ferons le sujet d'un prochain billet... 


vendredi 1 juin 2018

AFFAIRE DES GRAVIERS du CD82 : DU SABLE DANS LES ROUAGES


Une nouvelle affaire en Tarn-et-Garonne ! Judiciaire ou politique ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que le traitement médiatique de l'évènement ainsi que les réactions officielles de l'intéressé méritent d'être observés de plus près. 



Dépêche du Midi

En effet, des informations contradictoires sont transmises au lecteur par les deux principaux médias qui relatent l’événement. L'un, la Dépêche du Midi (DDM), journal de M. Baylet*, décrit les faits avec une certaine précision, faits débouchant sur une "garde à vue" de 6 heures. Garde à vue réaffirmée par le quotidien dans ses "indiscrétions" du 27 mai 2018. Le journal fait état d'une "infraction à la règlementation des marchés publics".
Source : article Dépeche du Midi


Blog France 3 Occitanie

Le second, France 3, plutôt hostile au patron de la DDM**, infirme la "garde à vue" et parle d'une simple "audition" (faisant suite, "selon M. Astruc", à une plainte de M. Baylet) tout en ne donnant qu'une relation succincte des événements ayant conduit le président du Conseil départemental dans les locaux du SRPJ de Toulouse, l'article se terminant par ces mots d'un proche : "Le dossier est vide".
Source : article France 3 Occitanie

Le lecteur lambda est donc écartelé entre une présentation qui met en exergue la gravité de la situation et une autre qui tend au contraire à la minimiser. Certes, chaque camp peut ainsi choisir "sa" version politique de "l'information". Mais où est la vérité ? 

Ce que le citoyen pourra constater, c'est que 1/ le président Astruc n'a toujours pas contesté la version de la DDM, celle de la garde à vue pour "infraction à la règlementation des marchés publics" et 2/ ne produit au public aucune pièce ou élément étayant sa propre version : ses ennuis judiciaires résultant d'une plainte de Jean-Michel Baylet. Soit son principal adversaire politique. A noter que la DDM ne dément pas non plus cette plainte.  

En revanche, M. Astruc a fourni aux enquêteurs du SRPJ une "note" disculpante d'un éminent juriste, Pierre Delvolvé, membre de l'Académie des Sciences morales et politiques, natif de Malause (82). Un certificat de bonne conduite en quelque sorte (dont la portée est toute symbolique). Ce qui n'empêche pas le président d'écorcher, à plusieurs reprises, le nom du fameux professeur qu'il orthographie Devolve dans Twitter et Dévolvé dans le Petit Journal et Facebook.

Enfin, on notera que son "entourage" est plutôt mal informé puisqu'il déclare à France 3 que M. Astruc peut se flatter d'avoir réalisé une économie de 80 000 € : " Le marché était évalué à 140 000 euros et il a finalement été attribué à 60 000 euros. Le contribuable a économisé 80 000 euros". Sauf que, dans le Petit Journal du lendemain, M. Astruc parlera de 90 000 €. 10 000 € d'économies supplémentaires dans la nuit ? 


Petit Journal du 26 mai 2018


Autrement dit, au caractère -relativement- précis de l'article de la DDM, M. Astruc répond par le silence (concernant la garde à vue), la politique (concernant l'origine de l'affaire) et l'imprécision (quant aux "détails" techniques). 

Bien entendu, toutes ces approximations déclaratives (ou diversions de bon aloi) ne démontrent nullement que M. Astruc soit à un titre ou un autre coupable de quelque infraction que ce soit. Il est toujours difficile, lorsque l'on a la réputation d'agir pour le bien commun, de se retrouver en position inconfortable dans les manchettes des journaux.  

Mais il est incontestable qu'on ne s'extrait pas d'une zone d'ombre en étant soi-même obscur. Le président Astruc ne peut l'ignorer, être présenté comme un coupable potentiel (i.e un suspect) si tel n'est pas le cas, n'est pas une situation qu'un élu de haut rang peut laisser prospérer sans dommage. 

Certes, on ne reprochera pas à M. Astruc de porter sa défense sur le terrain politique. C'est de bonne guerre et l'homme politique qui n'a pas usé de cette ficelle victimaire est autorisé à lui lancer la première poignée de granulats. Mais n'est-ce pas injurier le travail des services de police que, par ailleurs, tous les politiciens félicitent à longueur d'année pour leur action courageuse et difficile ? 

D'ailleurs, l'idée de placer Jean-Michel Baylet au centre de l'affaire des graviers n'a pas été aussi spontanée que ça. En témoignent ces deux publications Twitter de M. Astruc, distantes de quelques heures et rendues publiques le 24 mai. La première ne mentionne pas "l'intervention" de M. Baylet, la seconde si. En ligne aujourd'hui, seule la version Baylet est disponible. Surchauffe dans la cellule de crise ? 





Bref. Il résulte de ces péripéties que, sans même être entré dans le corps du dossier, le lecteur-électeur ordinaire ne sait plus à quel saint se vouer. Garde à vue, audition, audition libre ? Plainte ou pas plainte ? Economies ou infraction ? 80 ou 90 000 € ? Dévolvé ou Delvolvé ? Baylet ou pas ? 

L'avenir le dira mais il ne serait pas mal non plus que le président Astruc s'en occupe lui-même...


*La Dépêche du Midi est le journal de Jean-Michel Baylet, un journal d'opinion donc, et il n'est pas surprenant que Christian Astruc, son adversaire politique, y soit malmené. 

**Le blog de France 3 Occitanie (Laurent Dubois) ne fait pas grand mystère de son antipathie à l'égard de Jean-Michel Baylet. Cette propension s'est notamment manifestée lors des législatives 2017, où l'adversaire frontiste de Sylvia Pinel, Romain Lopez, a été invité à de très nombreuses reprises sur le plateau de France 3 Occitanie et présenté comme le candidat d'avenir du FN dans la région, sans que jamais ses déclarations ou sympathies judéophobes (qui ont pourtant défrayé la chronique) ne soient portées à la connaissance du public lors des émissions (voir notre billet de l'époque).